Alain Roche Nalair de rien

Tout le monde connait bien le système de placards dorés, une façon détournée d’offrir un parachute doré à la Nomenklatura politique. Question dorure Versailles se place là. A ce compte il semble devenir un cimetière aux éléphants pour ministres déchus. Après Jean-Jacques Aillagon, proche des Chirac, ex ministre de la culture de 2002 à 2004, qui fut nommé sur décret présidentiel par Nicolas Sarkozy en 2007, président du musée et du domaine de Versailles, voilà un successeur tout trouvé en la personne de Xavier Darcos, victime du remaniement. On ne froisse pas  la susceptibilité des gens de pouvoir, surtout s’ils sont dans votre camp. On les remercie de façon royale pour service rendu à la République et surtout à son Président. Il s’agit de montrer combien ils sont précieux et indispensables hormis au gouvernement. On dit souvent que le monde politique est cruel, mais n’est-ce pas un mythe, une fable pour faire pleurer le citoyen landa sur l’épaule du politique ? Il ne faut pas oublier que le pouvoir est un virus dont on peut mourir très facilement si on le perd.

Ce matin la presse est sévère à la lecture des résultats du premier tour des Régionales. Désaveux, sanction, claque et même naufrage, tout y est, tout est dit, rien n’épargne la défaite annoncée de la majorité présidentielle dans les régions. C’est un véritable zéro pointé pour la stratégie de Nicolas Sarkozy qui a envoyé ses ministres au feu pour la reconquête de l’hexagone. L’UMP avec 26,18% enregistre là son plus mauvais score depuis l’avènement de la Ve République.

Les 29,48% du PS confirme sa prédominance dans les régions et valide le bilan des Présidents de Régions en poste. Vague rose ou pas il est annoncé comme favori pour le second tour.

Europe écologie, même s’il n’a pas transformé l’essai des Européennes, reste tout de même le troisième parti du paysage politique avec 12,47 %.

Crise oblige, le FN est de retour, avec ses 11,74%, certes moins qu’en 2004,  il jouera cependant le trouble fête à droite dans 12 régions où il se maintiendra au second tour. En fait sur tous les partis confondus c’est celui de l’abstention avec 53,65% qui l’emporte haut la main. Mauvais point pour la classe politique dans son ensemble

Avec 10% de la population active, cela fait dix ans que la France n’avait pas connu un tel niveau de chômage. L’INSEE note dans cette statistique, un million de chômeurs en fin de droits. Alors que commence une nouvelle collecte alimentaire des Restos du Cœur, on constate une fréquentation jusque là inédite. Si la situation était moins tragique, on pourrait sourire quand l’on apprend que parmi les 2,7 millions de chômeurs Français on compte à ce jour Doc Gynéco, soutien actif de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Le Doc est en crise, son dernier album, Peace Maker, produit par le fils aîné du président, Pierre Sarkozy, n’a pas nourri son homme, c’est le moins que l’on puisse dire. Ironie du sort, l’ère sarkozienne est loin d’être faste pour celui qui, il y a quelques années, se moquait des chômeurs. Triste retour à la réalité d’en bas quand on l’entend déclarer sur les ondes d’Europe 1 : “J’ai besoin d’argent comme tout le monde pour vivre. La belle époque est finie.” Voilà un constat qu’il n’est pas, à ce jour, le seul à faire.

L’œuvre une installation sur la façade des Beaux-Arts de Paris quai Malaquais  de bannières noires où les mots “gagner”, “moins”, “plus”, et “travailler” sont écrits en blanc. Selon l’artiste, ces mots, vus de manière aléatoire, invitent à la réflexion. Elle fut brève et efficace en ce qui concerne la direction des Beaux-Arts qui a rapidement fait décrocher cette œuvre, jugeant l’installation “trop explosive”. Le fait que l’artiste détourne le slogan de Nicolas Sarkozy, “Travailler plus pour gagner plus” dérange à l’évidence. La chinoise Ko Siu Lan n’en croit pas ses yeux, face à cette “censure très brutale, sans discussion”. Elle déclare : “Je viens de Chine. Je ne peux pas croire que cela m’est arrivé en France”. Le maire de Paris, qui s’est dit “consterné”, a proposé à l’artiste que son œuvre soit exposée au “104″. “Cette censure objective est particulièrement inquiétante car elle remet en cause le rôle et la légitime expression des artistes dans la cité et dans notre vie collective”, s’émeut Bertrand Delanoë. Mais tout est bien qui finit bien. Le ministre de la culture, Frédéric Mitterand veut dédramatiser l’affaire et ordonne que les œuvres soient raccrochées. L’honneur est sauf. Il n’en reste pas moins que plus que la censure, l’auto-censure devient de nos jours un véritable fléau.

Laurent Wauquiez, secrétaire d’État à l’Emploi, a déclaré sur Europe 1 qu’il fallait “remettre sur la direction de l’emploi” les chômeurs en fin de droit, “deuxième sujet majeur” du sommet social avec celui des retraites. Selon lui les “cas les plus durs”, estimés à 200 000 sont ceux sur lesquels “il faut qu’on concentre nos efforts”. Les syndicats attendaient des propositions concrètes sur le dossier chômage. Pour endiguer le chômage longue durée, le président envisage, faute de nouvelles allocations, des formations rémunérées. Pour lui “personne ne sera laissé sur le bord du chemin”. En ce qui concerne le dossier épineux des retraites, il faut certes laisser le temps au temps, ou à un “simulacre de concertations” selon le PS, à condition que le sujet soit impérativement bouclé pour l’automne. Mme Parisot estime que “le problème est bien connu mais n’a jamais été pleinement traité” et “cette réforme ne doit pas être un bricolage”. Pour Bernard Thibault de la CGT, si M. Sarkozy entretient le flou quant au calendrier, “c’est qu’on nous prépare un mauvais coup avec une procédure expresse”. Nicolas Sarkozy fera un nouveau point en avril avec les partenaires sociaux qui, à l’exception de FO, prévoient dès à présent des actions au mois de Mars.

Du cinquantenaire des indépendances en Afrique francophone à la Coupe du Monde de foot cet été en Afrique du Sud, avec son compte d’ambiguïtés, d’espoirs et de désillusions, le continent noir sera à l’honneur en 2010. Pas moins de dix-sept pays d’Afrique sub-saharienne célèbreront cette année un demi-siècle d’indépendance. La France rendra hommage à ses anciennes colonies pour leur contribution à la libération de la France en 1945, en faisant défiler des troupes africaines le 14 juillet sur les Champs-E lysées. Mais ceci gommera-t-il cela ! Lors du discours de Dakar, Nicolas Sarkozy déclarait : “L’homme africain n’est pas entré dans l’histoire”. Comme le rendez-vous franco-africain de 2010 risque fort d’être un non-événement, reste le coup de projecteur donné sur ce continent, lors de la Coupe du Monde de foot, cet été en Afrique du Sud. Seulement voilà, l’attentat contre l’équipe du Togo dans l’enclave angolaise de Cabinda, préambule à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) prive cette dernière de compétition et montre que football et politique ne font pas encore bon ménage en Afrique. L’élection d’un descendant d’un immigrant africain à la tête de la première puissance mondiale est un symbole fort, mais peut-il redonner confiance au grand perdant de la mondialisation ? Souhaitons qu’une fois la fête finie, l’Afrique ne sombre pas à nouveau dans l’indifférence et la violence, parce que ses problèmes sont aussi les nôtres.

Certainement une curiosité du calendrier, mais il n’est pas commun de voir le prévenu Villepin relaxé dans l’affaire Clearstream, le jour du 55e anniversaire du président de la Répuplique. Nicolas Sarkozy aurait certainement dû tourner 55 fois sa langue dans sa bouche avant de le déclarer coupable.

Y a -t-il une crise de la publication ? Le credo hivernal des éditeurs est : “publier moins pour publier mieux”. La seconde rentrée littéraire, celle de l’hiver, confirme la tendance de cet automne avec une chute de 12 % des publications. Même si Gallimard ou Grasset comptent maintenir une production importante, ils font figure d’exceptions. Le magazine “Livre Hebdo” a recensé 491 romans à paraître en janvier et février 2010 contre 558 en 2009. C’est même le plus bas niveau enregistré depuis 2001. Parmi ces titres, notons un roman noir du regretté Thierry Jonquet mort en 2009. La littérature étrangère, réputée plus coûteuse à produire et plus difficile à vendre, est la plus touchée avec une baisse de 20%. Certes il y a la crise mais l’inquiétude liée à l’arrivée du livre numérique pourrait avoir joué un rôel. L’annonce par Nicolas Sarkozy d’étendre une TVA réduite à 5,5% sur ce type de produit confirme ces craintes. Pour conclure sur une note optimiste, les nouveaux romans sont en légères hausse et il reste encore des valeurs sures avec de nouvelles traductions ou des biographies d’écrivains célèbres : Poe, Duras, Wide, Fitzgerald. Pourtant par cette vague de froid, rien ne vaut un bon roman au coin du feu, bonne lecture 2010 !

La montagne accouche d’une souris. D’un sommet attendu par l’ensemble de la planète est né un accord de principe non contraignant. Même si un accord à minima semble toujours mieux que pas d’accord du tout, c’est après l’espoir le temps des réalités qui reprend le pouvoir. Fortement critiqué par les ONG qui sont écœurées. Barack Obama déçoit par son manque de leadership. Ceux qui voyaient en lui un héros mondial dont tout le monde rêvait, ont découvert un président américain soumis au Congrès. La Chine campe sur ses positions, le blocage persiste, pas question de contrôle et de mesurer les engagements sur les réductions d’émissions. Nicolas Sarkozy agacé explique que si l’accord n’est pas parfait, c’est le “meilleur possible”. Du côté des écologistes, on ne décolère pas. Cet accord, “c’est le pire de l’histoire”, a estimé le délégué soudanais Lumumba Stanislas Dia-Ping. Pour les Verts, il s’agit d’un “lamentable fiasco”. Nicolas Hulot estime qu’il en restera “le souvenir d’un formidable gâchis”. Alors sur quoi se sont mis d’accord le participants ? Et bien d’organiser de nouvelles réunions à Bonn dans six mois et dans un an à Mexico. Qui vivra verra !

Contre toute attente , sur 205 candidats, c’est le président américain Barack Obama qui a reçu le prix Nobel de la paix 2009. Il a été attribué au président  Américain “pour ses efforts extraordinaires en vue de renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples”, a annoncé le comité Nobel Norvégien, indiquant avoir “attaché beaucoup d’importance à la vision et aux efforts d’Obama en vue d’un monde sans armes nucléaires”. Nicolas Sarkozy était aussi en lice pour le prix mais il a dû s’incliner face à celui qui rafle tous les suffrage de sympathie des Européens. Voilà un lot de consolation mémorable pour celui qui n’a obtenu les JO pour la ville de Chicago. François Durpaire, politologue et auteur d’”Obama face à la crise” pense que : “il s’agit ici d’un encouragement plutôt que la récompense d’un bilan” et précise que : “Le but du Nobel, il ne faut pas l’oublier, est de faire avancer la paix dans le monde.” En Amérique les conservateurs dans l’ensemble raillent l’obtention de ce prix à Obama. Seul bémol, la réaction de John Mc Cain bon joueur qui déclare : “Je suis sûr que le président comprend qu’il doit maintenant  se montrer à la hauteur. Mais en tant qu’Américains, nous sommes fiers quand notre président reçoit une récompense aussi prestigieuse”.  C’est à croire que la citation biblique  : “Nul n’est prophète en son pays”, s’applique aussi au président Américain Barack Obama.