Alain Roche Nalair de rien

Cela n’a échappé à personne que depuis 5 éditions, le célèbre rallye-raid Dakar ne se passe plus en Afrique mais en Amérique Latine. La décision fut prise en 2008 de le changer de continent pour des raisons  de sécurité, mais il a conservé le Label et la notoriété du Paris Dakar. Le célèbre chanteur Youssou Ndour, devenu depuis ministre du tourisme et des loisirs depuis avril dernier,  pousse un véritable coup de gueule contre  l’organisation de la course. Il vient de déclarer : ““Je trouve scandaleux qu’on utilise Dakar pour un rallye qui se fait hors de Dakar et qui ne rapporte rien au pays”. Il met en fait l’organisation devant un ultimatum, soit revenir en Afrique, soit changer de Label. Voilà que ce nouveau ministre sénégalais, à un moment en lice pour les présidentielles,  n’a rien perdu de sa fougue dans l’art de donner de la voix sur la scène internationale. Il a seulement changer de musique.

Le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) vient de tirer la sonnette  d’alarme sur la crise humanitaire qui frappe la Somalie,déjà en prise à une terrible guerre civile qui dure depuis près de 20 ans. Sur 7,5 millions d’habitants, plus d’un quart de la population est déplacé interne ou réfugié dans d’autres pays. Toutes les ressources sont épuisées, et pour le seul mois de Juin plus de 54 000 personnes ont fui vers l’Ethiopie et le Kenya. L’ONG, action contre la faim, indique que “tous les voyants sont au rouge”. Il faut dire que toute la corne de l’Afrique est soumise à la pire des sécheresses qu’elle ait connue depuis soixante ans. De ce fait la production chute et les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 270%. Jeff  Oppermann, chef de mission explique que les premières victimes, comme à chaque fois, sont : “Les enfants, les personnes et les femmes enceintes. Des femmes ont dû laisser leur enfant derrière elles pour fuir parce qu’elles savaient qu’ils ne survivraient pas.” La situation est tellement préoccupante que les milices shebab, qui fin 2009 avaient décidé d’interdire toute intervention humanitaire des Nations unies les accusant d’être “antimusulmans”, appellent aussi à l’aide. Seulement voilà, faut-il encore avoir des garanties pour les ONG retournent en Somalie  et autre problème de taille, les bailleurs de fonds font actuellement cruellement défaut.

Du cinquantenaire des indépendances en Afrique francophone à la Coupe du Monde de foot cet été en Afrique du Sud, avec son compte d’ambiguïtés, d’espoirs et de désillusions, le continent noir sera à l’honneur en 2010. Pas moins de dix-sept pays d’Afrique sub-saharienne célèbreront cette année un demi-siècle d’indépendance. La France rendra hommage à ses anciennes colonies pour leur contribution à la libération de la France en 1945, en faisant défiler des troupes africaines le 14 juillet sur les Champs-E lysées. Mais ceci gommera-t-il cela ! Lors du discours de Dakar, Nicolas Sarkozy déclarait : “L’homme africain n’est pas entré dans l’histoire”. Comme le rendez-vous franco-africain de 2010 risque fort d’être un non-événement, reste le coup de projecteur donné sur ce continent, lors de la Coupe du Monde de foot, cet été en Afrique du Sud. Seulement voilà, l’attentat contre l’équipe du Togo dans l’enclave angolaise de Cabinda, préambule à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) prive cette dernière de compétition et montre que football et politique ne font pas encore bon ménage en Afrique. L’élection d’un descendant d’un immigrant africain à la tête de la première puissance mondiale est un symbole fort, mais peut-il redonner confiance au grand perdant de la mondialisation ? Souhaitons qu’une fois la fête finie, l’Afrique ne sombre pas à nouveau dans l’indifférence et la violence, parce que ses problèmes sont aussi les nôtres.

Scoop! Le Premier ministre gabonais n’était pas au courant de la mort de son Président. “J’ai été très surpris, comme beaucoup de mes compatriotes, en apprenant par la télévision française que le président gabonais était décédé”, a-t-il  déclaré. Après un invraisemblable cafouillage médiatique, il s’est rendu sur place  et annonce que  l’inamovible président du Gabon, doyen des  chefs d’Etat africains est bien vivant. Ce répit fut de courte durée, car l’après-midi même, c’est officiel Ormar Bongo âgé de 73 ans est décédé d’un arrêt cardiaque. Depuis la disparition de l’Ivorien Félix Houphouët-Boigny, fin 1993, Bongo avaiit repris vaillamment le flambeau d’une “Françafrique” moribonde. “L’Afrique sans la France, c’est une voiture sans chauffeur. La France sans l’Afrique, c’est une voiture sans carburant” disait-il à Libération en 1996. La famille Bongo posséderait en France des biens immobiliers équivalents à quelques 150 millions d’euros, soupçonnés d’avoir été financés par des fonds publics détournés. Au cours de son long règne, Bongo, fin stratège, a coopté un à un ses opposants au sein de différents gouvernements, réduisant à néant toute idée d’alternance. Vice-président du parti au pouvoir son fils, Ali, contrôle l’armée à la tête de laquelle il a nommé ses fidèles. Ce dernier est idéalement placé pour succéder à son père.