La littérature française perd un de ses géants
Samedi 9 octobre 2010Il était considéré comme le peintre du malheur et de la pauvre condition humaine, celle des paysans, des ouvriers et de mariniers. Pâtissier, bûcheron, lutteur de foire, des métiers qui furent ses universités. Il aimait la vigne, les bons repas, les terroirs et la noblesse de l’âme. Il laisse une œuvre à sa carrure, près de 100 ouvrages, essais, poésie, autobiographie mais aussi 40 romans parmi lesquels des sagas puissantes comme “les colonnes du ciel” ou “grande patience”. Il déclarait en toute humilité n’être qu’un autodidacte soutenu par Hervé Bazin et Marcel Aymé. Il avait obtenu le prix Goncourt en 1968 pour “les fruits de l’hiver”, et fut élu à la prestigieuse académie en 1971. En 1977 il en démissionna, en déclarant “200 livres à lire, je n’en étais pas capable”. Anticonformiste, militant engagé dans la défense de la paix et des droits de l’homme, il refusa deux fois la légions d’honneur. Il partageait sa vie avec la romancière canadienne Josette Pratte qui fut sa première lectrice mais aussi une critique redoutable. “Elle m’a fait réécrire sept fois Maudit Sauvage et deux fois Le soleil des morts” pestait-il . Bernard Clavel vient de s’éteindre à l’âge de 87 ans et avec lui un géant de la littérature française contemporaine.