Alain Roche Nalair de rien

Une entrée en campagne fracassante de la candidate d’Europe Ecologie les Verts. Les désaccords avec le PS  atteignent leur paroxysme avec les déclarations inopinées et incontrôlables d’Eva Joly. Erreurs tactiques, elle se trompe de cible, et tape à bras raccourcis sur François Hollande refusant en un premier temps d’appeler au vote pour le candidat du PS au deuxième tour. C’est un véritable tollé au sein de sa propre équipe et son porte-parole Yannick Jadot démissionne. Il est certain que si la candidate des verts voulait, après son absence injustifiée,  créer un événement pour son retour, c’est plutôt réussi. Elle prête le flanc à l’UMP qui n’hésite pas à dire que ses jours sont comptés, voilà encore une chose à voir. Ceux qui dérangent, peuvent aussi créer souvent l’événement, mais peuvent-ils tenir dans le temps? Dans son propre camp,  elle ressemble pour l’instant à une furie incontrôlable, tout ce que l’on déteste dans les milieux huilés de la politique professionnelle, où rien n’est spontané mais tout est calculé. A suivre …

Le grand absent des journées écologiques les verts est Nicolas Hulot qui, après sa défaite aux primaires, recherche ses marques. Par contre, celui qui avait boudé en juin la réunion de la Rochelle est bien là et le fait savoir. Daniel Cohn-Bendit  surnommé “Stroumpf grognon” déclare : ” Je ne grogne pas, je dis que je ne suis pas d’accord. Je suis simplement quelqu’un qui donne son opinion et qui ne se met pas à genoux.” Agitateur d’idées, il ne rend pas la tâche d’Eva Joly facile, puisqu’il considère tout bonnement qu’un candidat EELV n’est pas utile aux présidentielles 2012. Pour lui il aurait mieux valu passer un bon accord avec le parti socialiste pour obtenir un rôle déterminant dans le futur gouvernement. Par ailleurs il serait plutôt d’accord avec le principe de la règle d’or à laquelle, la gauche et les écologistes sont farouchement opposés. Les sujets de discorde ne manquent pas et Eva Joly commence à récolter les premières pierres dans son jardin, jetés très souvent par ses propres amis comme Laurence Vichnievsky. Heureusement que la future candidate a la joviale Cécile Duflot pour l’encourager. Les deux femmes ne cessent d’afficher une grande complicité, à tel point que Cécile promet d’apprendre le Norvégien si Eva recueille 10% des voix aux présidentielles. A priori l’optimisme reste de mise.

On ne pourra pas dire que l’accession de la candidate du groupe Europe Ecologie Les Verts, à l’élection présidentielle 2012, est passée inaperçue. Tout d’abord elle remporte une victoire sans fioritures  sur Vincent Hulot,  déclaré favori aux primaires , puis elle déclenche la semaine suivante une véritable levée de boucliers , petit séisme dans l’arène politique française. Interrogée par BFM TV, Eva Joly  s’exprime sur l’éventuelle possibilité  de supprimer le défilé militaire du 14 juillet,  jour de la fête nationale, et de le remplacer par un défilé citoyen. La polémique bondit et rebondit sans cesse depuis que le premier ministre a déclaré depuis Abidjan : “Cette dame n’a pas la culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l’histoire française”. La réponse, à propos de l’attaque non déguisée sur sa bi-nationalité, ne s’est pas faite attendre. La candidate écologiste de 67 ans répond : “Moi je ne descends pas de mon drakkar ! Ca fait cinquante ans que je vis en France et donc je suis Française.”  Même si dans sa grande majorité la gauche a rejeté sa proposition, elle fait front commun pour critiquer les propos qualifiés de “xénophobes” de François Fillon. Les effets de manches de part et d’autre se succèdent à qui mieux mieux. Martine Aubry  a estimé que “ce n’était pas une maladresse mais une honte” et rajoute : “Si j’étais présidente de la République, j’aurais un premier ministre qui traite comme ça un de mes citoyens, et bien je lui demanderai de partir”.Voilà qui promet. Quant à Eva Joly, avec son art de créer la polémique, elle risque de jouer la mouche du coche, lors des futures élections présidentielles de 2012, à moins que ce soit la zizanie.

Contre toute attente, alors que Nicolas Hulot était, il y a encore peu, le grand favori, sa rivale avait raté la victoire dès le premier tour, de seulement 64 voix. Au terme du second tour, à la primaire Europe Ecologie-Les Verts, Eva Joly non seulement confirmerait la premier vote mais devrait, selon les tendances du dépouillement des votes, s’orienter vers une victoire “assez large”.  C’est du moins ce qu’a déclaré dimanche, à l’AFP, un responsable du parti écologiste. Il semblerait que Nicolas Hulot stabilise son score, et que les reports de voix des deux autres candidats, Henri Stoll et Stéphane Lhomme, aient bénéficié majoritairement à l’ex-magistrate. . Le charisme de l’ancien animateur de Ushuaia n’aura pas suffit, lui que se voulait plus consensuel. Eva Joly, qui a la double nationalité française et norvégienne, en s’affirmant dans une ligne plus radicale et plus à gauche, une écologie de Combat” aurait fait la différence. Pourtant il faudra attendre mardi après-midi que soient aussi comptabilisés le vote électronique qui a réuni 13 778 sympathisants, pour se prononcer définitivement.

Nadal tout le monde connait,tout au moins Raphael, mais Jean-Louis c’est moins sur. Il est pourtant le premier procureur de France, et dans l’affaire Woerth Bettencourt son prénom n’est pas près d’être oublié. L’eurodéputée Corinne Lepage lui avait écrit pour lui demander de saisir la CJR, seule habilitée à juger les ministres pour des crimes et délits dans le cadre de leur fonction. Jean-Louis Nadal s’est donc saisi du dossier après l’avoir demandé à Philippe Ingall-Montagnier, Procureur général de Versailles. A ce jour il estime que de nouvelles investigations sont nécessaires pour déterminer si Eric Woerth s’est bien rendu coupable de faits délictuels. Ce procureur véritable autorité morale de la justice française vient de jeter un véritable pavé dans la mare en recommandant la saisine d’un juge d’instruction. Eva Joly pour son compte estime que cette décision a “sauvé l’honneur de la justice de notre pays”. Ce n’est pas la première fois que Jean-Louis Nadal ne courbe pas l’échine face au pouvoir en place. Il avait déjà pris fait et cause contre la suppression des juges d’instruction, et prouve, par cette nouvelle position leur nécessité, dans la justice moderne. N’ayant pas d’autorité directe sur le procureur de Nanterre Philippe Courroye, en charge du dossier, ce dernier refuse de prendre en compte cette recommandation, pour ne pas perdre son pouvoir et complaire à Nicolas Sarkozy dont il est un proche selon ses détracteurs. La justice continue donc à se déchirer dans la nébuleuse histoire Woerth Bettencourt qui n’a pas finie de rebondir.

Au congrès de Nantes, l’écologie se conjugue au féminin pluriel. Eva Joly et Cécile Duflot sont vertes de plaisir d’être pressenties comme des présidentiables en herbe.