Alain Roche Nalair de rien

Une interview réglée comme une compétition contre la montre, un superbe exercice de communication millimétré  par un pro du mensonge et de la dissimulation. Show à l’américaine chez Ophah Wintrey, la journaliste qui fait pleurer les vedettes sur son plateau lors de confessions laïques en vue de l’obtention de l’apitoiement général du public Ce  mea culpa avait été préparé en deux temps de manière à attirer plus d’audience et faire monter la prestation en intensité. Lance Amstrong, froid et glacial, l’oeil bleu aussi sec que dur répond par des “oui” laconiques à la journaliste qui enfile une succession de questions. Nous apprenons ainsi qu’il s’est dopé, qu’il a menti durant 10 ans, mais dit : “cela faisait partie du boulot”. Il réserve ses regrets à la deuxième heure et n’hésite plus à faire du pathos. Il dit avoir trahi les siens et ses fans, l’oeil humide, la gorge nouée, et se dit profondément désolé. Au terme de cet entretien fleuve, arrive certainement la raison profonde qui l’a poussé  à se prêter à cette mascarade.  Il parle de sonenvie de reprendre la compétition, trouvant l’interdiction à vie de participer à toute compétition cycliste disproportionnée par rapport à la faute. Décidément une chose est certaine, il ne manque pas d’air et l’homme a un art consommé de protéger ses intérêts.

La décision de l’UCI (Union du Cyclisme Internationale) était attendue de pied ferme outre atlantique par L’USADA l’agence antidopage américaine qui avait déjà condamné Lance Amstrong comme un tricheur et souhaitait qu’ il perde tous ses titres. Le fait que l’UCI entérine la décision de l’USADA n’a pas calmé sa frénésie d’en découdre avec le système de dopage le plus perfectionné au monde mis en place par l’US postal.  L’agence américaine règle aussi ses comptes avec l’UCI en rappelant qu’à l’origine elle était hostile à une enquête plus approfondie sur le cas Amstrong. Elle insinue même que l’union du cyclisme internationale avait plus ou moins  fermé les yeux pour ne pas dire qu’elle avait été en quelque sorte complice de ce système. Les Américains saluent la décision d’une UCI redevenue lucide, mais veulent aller plus loin et briser l’omerta en mettant à jours l’implication des directeurs spot ifs et des médecins ripoux. Elle a pour ambition de faire un grand ménage dans ce sport où le dopage est toujours d’actualité afin de tenter de repartir sur des bases plus correctes. Il faut laver plus blanc que blanc! En attendant Lance Amstrong paiera de ses deniers l’addition du dopage qu’il a mené à un niveau record et risque même d’être poursuivi pénalement pour parjure.

Le triple vainqueur du Tour de France sera-t-il déclaré positif, dopé, comme une vache espagnole, par une archaïque molécule découverte il y a 30 ans, réservée aux ruminants. Des traces infinitésimales de Clenbutérol sont détectées dans les prélèvements effectués le 21 juillet, Contador est prévenu le 24 août, mais l’info ne transpire que le 30 septembre. Pour le coureur, la défense est simple et “prévisible” selon Martial Saugy, directeur du Laboratoire aintidopage de Lausanne, il déclare avoir été contaminé par de la viande bovine. La Clenbutérol, de la famille du Salbutamol utilisé par les asthmatiques, améliore la respiration, mais à haute dose, augmente la masse musculaire des animaux. Pour un sportif qui a besoin d’une endurance de longue durée, ce type de produit a bien entendu des vertus anabolisantes, ce qui lui permet de conserver un poids musculaire positif dans l’effort. Contador est pour l’instant suspendu, et si sa bonne foi n’est pas avérée, les sanctions iront jusqu’à la déchéance de sa récente victoire du Tour de France. Les affaires de dopages se suivent et se ressemblent. Contador, comme bien d’autres, fera-t-il parti de l’impressionnante liste des dopés à l’insu de son plein gré ? C’est semble-t-il couru d’avance.

L’Américain LaShawn Merrit, champion olympique du 400 m en 2008 et du monde en 2009 a été contrôlé positif en octobre, décembre et janvier. Pour tout système de défense, le sportif avoue “la prise d’un médicament en vente libre visant à augmenter la taille du pénis”, sans savoir qu’il contenait de la DHEA. Franchement il ne faut pas manquer d’air pour trouver une excuse aussi foireuse. Ce stéroïde discret est très recherché par les sportifs pour augmenter leurs performances.Personne n’ignore dans le milieu sportif, que cette substance appelée aussi “hormone de jouvence” par des gens de plus de 50 ans qui veulent rester en forme, est un produit dopant. LaShawn Merrit parle dans un communiqué “d’une erreur idiote, immature et égoïste”, mais voilà la pilule est dure à avaler et passe mal. Le président de l’agence américaine antidopage, Doug Logan, déclare : “Sa carrière entière est assombrie et il est devenu l’objet de blagues. Tout athlète professionnel sait qu’il est responsable de tout ce qu’il absorbe. A titre personnel, je suis écœuré par cet épisode”. Dorénavant LaShawn Merrit devra choisir entre ses performances physiques ou sexuelles, et surtout cesser de prendre les gens pour des idiots. Du reste il aura bientôt tout loisir pour affiner ses prochains mots d’excuses, l’USADA peut lui infliger jusqu’à deux ans de suspension.