La révolution est latine ou pas
Trop souvent on passe la majorité de son temps à lire, évoquer, ou parler de ce qui fâche, comme s’il n’y avait que ça au monde. Et bien non, à priori il y a des lieux et des personnages d’exception sans doute pour confirmer la règle. A priori c’est le cas en Uruguay, un minuscule pays à l’ombre du Brésil d’environ 3,5 millions d’habitants. L’actualité vient une nouvelle fois de montrer à quel point l’Uruguay est un pays progressiste avec un Président de la République, qui est aussi chef du gouvernement, hors du commun, et c’est peu dire. Il est courant que nous parlions de révolution quand on évoque l’Amérique latine, mais celle-ci a pris tout le monde de court. L’Uruguay est le premier pays au monde à légaliser le cannabis dont l’état régule la chaîne de la production à la vente, dans l’unique but de contrecarrer le trafic de drogues. L’homme à l’origine de ce choix n’est autre que Jose Mujica, le président lui même. Ce personnage est à bien des points atypique et remarquable. Emprisonné sous la dictature de 1973 à 1985, il arrive aux plus instances du pays avec un style bien à lui. Jose Mujica reverse 90% de son salaire à une organisation d’aide au logement. Pour lui, en citant Sénèque : “Les pauvres ne sont pas ceux qui ont peu mais ceux qui veulent beaucoup”. Il se refuse d’habiter l’opulent palais présidentiel de Montevideo, mais un humble rancho au toit de zinc où il vit avec la première dame, la sénatrice Lucia Topolansky, et sa chienne Manuela une bâtarde noire à qui il manque une patte. Mais les meilleures volontés du monde ne sont pas du goût de tous, et il doit assumer des luttes intestines au sein de son gouvernement, quand il veut taxer les plus riches ou juger les tortionnaires des années noires, ses choix sont retoqués. Cette figure de l’Uruguay reste très populaire chez les jeunes et les plus démunis qui sont fiers d’avoir “le président le plus pauvre du monde”. Voilà quelqu’un qui va au bout de ses convictions et qui mérite un sacré coup de chapeau.
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