La liberté d’expression une nouvelle fois bafouée
Plus il va, moins on peut. Triste constat que l’on peut appliquer à la création dans son ensemble. Une sorte de frilosité envahit notre société devenue de plus en plus procédurière à l’instar de la pudibonde société américaine. Après une censure d’affiches où l’on remplace stupidement la pipe de Mr Hulot par un petit moulin à vent, récemment on vient d’interdire celles de Guillon pour des raisons politiques et celle du film Les Infidèles pour son obscénité. Mais où va-t-on? Vers quel obscurantisme glissons nous pas à pas ? La peur de l’autre, de sa différence et cette perpétuelle tentation de faire taire. On mesure chaque jour un peu plus à quel point la censure rampante, à tous les niveaux, fait de plus en plus barrage à la liberté d’expression. Le dessin de presse trop souvent malmené pour des raisons budgétaires avouées, l’est aussi peut être parce qu’il faut de plus en plus temporiser avec les lobbies et les extrémistes de toutes crinières, qui se déchainent en permanence sur les publications. Editer du dessin pour ne rien dire, ne pas déranger, à quoi cela peut-il bien servir ? La réponse est simple à rien, alors passons nous des dessinateurs. Pourtant la vocation d’un bon dessin n’est-il pas de mettre un peu de poil à gratter dans la soupe des mots. Il doit déranger et faire rire de choses qui sont trop souvent consternantes. Maintenant prendre le risque de le publier va bientôt devenir une véritable roulette russe. Nous voilà à une époque où tous les intégrismes sont sur les dents qu’ils soient religieux au pas. Depuis quelques temps on peut constater, non sans une certaine stupeur, le retour de virulents Ayatollahs catholiques qui s’en donnent à coeur joie pour faire écho sans doute aux autres intégrismes religieux dont on se croyait à tord éloignés. Ils s’organisent des campagnes de presse gratuites en dégradant une oeuvre d’art au sein d’un musée qui n’a pas reçue leur bénédiction, en provoquant jusqu’à l’ intimidation physique de spectateurs qui n’ont plus le libre arbitre d’aller au théâtre voir la pièce qui leur plait. Suite à une plainte de l’AGRIF, l’alliance générale contre le racisme et le respect de l’identité française et chrétienne, du 10 mars 2010, notre confrère Plantu a été mis en examen le 22 novembre 2011, tout comme Mr Fottorino, ex directeur de publication du Monde, le 6 février 2012. Tous deux devraient prochainement comparaitre en justice, tout cela parce qu’ils ne goûtent dessin qui n’était à l’origine qu’une blague, d’après son auteur. Ce dernier, se déclare de plus en plus “inquiet pour la liberté d’expression” et il n’est pas le seul. Que cherchent-ils, en attaquant Plantu, un nouveau coup d’éclat pour se faire remarquer ? Ce dessinateur ne se doit-il pas aussi de dessiner pour ceux qui ne croient pas ? Depuis quand la religion est obligatoire ? Pourquoi les athées n’auraient pas eux aussi des dessins qui leur plaisent ? Le dessinateur du Monde abonde dans ce sens et fait ce triste constat : ” Tout citoyen qui a envie de penser librement va de plus en plus être l’objet de fatwas lancées par ddes intégristes, des manipulateurs non représentatif de leur religion”. Parce que le pire c’est ça ce sont eux, et certainement pas une images que l’on n’est pas tenu de regarder, qui compromettent par leurs violences à tous niveaux la crédibilité de la religion qu’ils sont sensés défendre. Allons-nous revenir au temps de l’inquisition au XXI e siècle et demander aux peintres et dessinateurs de se justifier du contenu de leur création? Souhaitons une société plus laïque encore un mot qui de plus en plus semble s’émousser.