Alain Roche Nalair de rien

Fait rarissime,Alain Johandet et Christian Blanc  sont gentiment, mais sûrement, poussés vers la sortie. Dans un climat politique délétère, le tandem exécutif a prié ses deux secrétaires d’État de démissionner. Que soit pour un excès de cigares payés grassement par le contribuable à hauteur de 12 500€, ou pour des raisons de jet loué pour la modique somme de 116 500€, une broutille, les deux hommes font désordre dans un gouvernement qui est sensé montrer le bon exemple en cette période de rigueur, le tout  sur fond d’affaire Woerth, Bettencourt . Dans un récent sondage commandé par Libération, les français interrogés pensent à 64% que nos hommes politiques sont corrompus, contre 29% qui croient  encore au père Noël en juillet. En ce qui nous concerne, nous n’y avons jamais cru vraiment même en décembre. Que, Alain Johandet et Christian Blanc servent de fusible, de pare-feu ou de bonne conscience,peu importe,  la ficelle est grosse et  le gouvernement reste peu crédible.

Il est une tradition au Medef, c’est de reconduire son choix pour prouver à la face du monde, que ces gens là ne peuvent en rien se tromper. Aussi celle qui fut la première femme à la tête d’un patronat aux accents misogynes s’en tire plutôt bien après avoir été sérieusement chahutée ces mois derniers. En tant que seule candidate, Laurence Parisot vient donc d’être plébiscitée. Elle obtient 458 voix sur 488 votants soit 93,85%. C’est digne d’une élection dans une République bananière ou d’une élection en ” Françafrique”. Le comble c’est qu’elle s’est dit ” émue et profondément honorée”. Franchement cela promet! Ce qu’elle omet de dire c’est qu’elle a sacrément coupé son vin à l’eau tiède. Elle annonce par ailleurs, comme si c’était naturel, l’entrée au conseil exécutif du Medef de l’ennemi d’hier, Jean-François Pilliard, délégué général de l’UIMM. On peut toujours penser que son nom n’est en rien lié aux circonstances. Forte de sa position elle donne à nouveau de la voix, et en profite pour envoyer un avertissement limpide au gouvernement. “Toute remise en cause des allégements de charges pour les entreprises serait dramatique.” On se demande bien pour qui, et si on hallucine pas dans la situation actuelle des finances de la France?

Curieusement, cette semaine la toile semble “A bout de souffle”. Cela tombe plutôt bien quand on sait que le premier film de Jean-Luc Godard  au même nom, tourné en 1959, sort à nouveau aujourd’hui dans les salles obscures. Voilà une fantastique occasion, pour la nouvelle génération de cinéphiles, mais aussi pour les plus âgés d’entre eux, de découvrir ou de revisiter cette œuvre majeure du cinéma français. Nous y retrouverons, sans la moindre ride, un magnifique tandem de jeunes premiers, Bébel , notre Jean Paul Belmondo nationale au bras de la splendide Jean Seberg. Tous deux ont été immortalisés de la meilleure manière qui soit dans ce chef-d’œuvre de Godard.  Il faut savoir que le réalisateur franco-suisse, pour un coup d’essai, signa avec “A bout de souffle”, un coup de maître devenu depuis un film culte de la nouvelle vague. Lors de sa sortie en 1960 ce film obtint, le Prix Méliès, le Prix Jean-Vigo, mais aussi le Prix de la meilleure mise en scène au Festival de Berlin. Plus proche de nous, un remake sera tourné en 1982, Breathless de Jim McBride, avec Richard Gere et Valérie Kaprisky. Voilà donc un film à voir ou à revoir absolument et sans attendre, et vive le cinéma!

Michaël Young nous revient avec la double casquette d’acteur -réalisateur pour Fatal son premier film. Il nous narre là l’histoire d’un personnage qu’il a crée dans son “Morning Live”. Fatal Bazooka. Après avoir fait un album “T’as vu” sur ce rappeur bling-bling et hardcore vendu à 500 000 exemplaires, voilà maintenant le film. Il raconte l’histoire improbable natif d’un petit village de Savoie qui devient une star du show-business. Michaël Young donne la réplique à la bimbo Isabelle Funaro, qui n’est autre que sa compagne dans la vie. Elle incarne une fille aussi canon que superficielle, Athéna Novotel. Joli clin d’œil à la jet setteuse Paris Hilton.Du reste Michaël confirme que ” toute ressemblance avec un personnage existant n’est absolument pas fortuite. Selon lui “le film évoque l’histoire d’un type qui serait entre Joe Starr et Jonhny Hallyday. Souhaitons maintenant à Michaël Young que ce premier film ne lui soit pas fatal.

Avec “Les Meilleurs amis du monde”, voilà le premier long métrage de Julien Rambaldi, une comédie certes mais posant une problématique qui ne manque pas de sérieux. Le metteur en scène confie : ” On aurait pu faire une comédie classique, un huit clos avec quatre acteurs qui se balancent des bons mots etc… mais on se serait vite ennuyé. Alors(…) j’ai voulu amener du décalage.” Ne pas en dire plus c’est aiguiser l’envie d’aller le voir une façon  aussi de saluer la performance de réaliser une première œuvre ce qui demeure une performance. Marc Lavoine présente ainsi son personnage “J’aime son incertitude. Bon, il est un peu bourrin, mais il a un côté sympathique et franchouillard”. Si vous avez envie de partager pendant 1h31, un week end au  vert avec une vraie bandes d’amis, aller voir ces meilleurs amis du monde. En plus il pleut et nous sommes encore quelque part en hiver, ça peut le faire.

Tout va bien pour Sarah Jessica Parker, l’étonnante Carrie du film Sex and City2 de  Michael Patrick King. En effet son cachet entre le un et le deux a doublé, atteignant la coquette somme de 30 millions de dollars. Il faut dire que le précédent a rapporté tout de même 415 millions de dollars. Ainsi à 45 ans, Sarah Jessica Parker fait partie des actrices les mieux payées d’Hollywood. Son rôle dans Carrie 1 fut déterminant pour une telle ascension et elle avoue :” Carrie fait partie de moi et je ne peux concevoir ma vie sans elle”. Elle rajoute pourtant : “Contrairement à ce que l’on peut croire je suis très casanière…J’envie ce fait que Carrie puisse voir ses amis aussi souvent”. Pour les inconditionnels, retrouvez cette nouvelle Carrie dans une aventure glamour, baignée de soleil, le tournage s’est fait bien loin de New York, au Maroc. Une escapade pour quatre amies, sans oublier deux apparitions remarquées et remarquables, celle de Liza Minelli et de Penéloppe Cruz décidément irrésistible. Difficile de bouder le plaisir d’admirer une telle myriades de beautés au soleil en ces premiers jours de juin plutôt gris et maussade.

Tout le monde ou presque connait le Dr House, mais rare savent en fait que se cache derrière ce personnage hautain, odieux, effronté, obstiné et relativement asocial, James Hugh Calum Laurie, plus connu sous le nom de Hugh Laurie. Ce dernier est, excusé du peu, compositeur, producteur, scénariste, réalisateur mais aussi accessoirement comédien. Né le 11 juin 1959 à Oxford, il est diplômé d’archéologie et d’anthropologie de la prestigieuse université de Cambridge. Il adore l’écriture, la lecture, la musique et la boxe, sport qu’il pratique. Longtemps moitié du duo comique “Fry et Laurie”, il est essentiellement connu pour ses séries télévisées. Depuis 2004, il interprète le docteur Gregory House dans la série télévisée Dr House aux États-Unis, c’est alors la consécration. Pour ce rôle, qui semble fait pour lui, il obtient en 2006 et 2007 le Golden Globe du meilleur acteur de série dramatique, lui l’ex comique qui ne manque pas de punch. Parfait mari, il épouse en 1989 Joe Green, administratrice de théâtre, avec qui il aura trois enfants, Rebecca, William et Charlie. Autre petite anecdote pour la route, il est grand amateur de baskets, en possède 37 paires, et propose que son personnage en porte dans la série. Par ailleurs, nombre de ses compositions personnelles sont joués dans la série? A l’aise dans ses baskets, on comprend mieux le franc succès de la série, quand on connait un peu mieux le charismatique Hugh Laurie.

Tapis rouge pour le couple aussi improbable que glamour, Jamel Debbouze et la ravissante Mélissa Theuriau, qui ont fait leur show lors de la montée des marches pour la présentation du film le plus attendu de la quinzaine. Hors la loi de Rachid Bouchareb retrace sur la période 1930 à 1962 l’histoire d’une fratrie chassée d’Algérie qui survivra aux massacres de Sétif, le 8 mai 1945. Nous retrouvons dans le nouveau film du réalisateur d’Indigènes ceux là même qui triomphèrent au festival de Cannes 2006 en remportant le prix d’interprétation masculine  : Sami Bouajila, Jamel Debbouzze et Roschdy Zem entre autres. Ce film aurait germé dans la tête de son réalisateur lors du montage d’Indigènes. Voilà en quelque sorte le revers d’une médaille, celle de l’histoire d’amour et de haine franco-algérienne. Le thème irrite et fait polémique. Le sujet est épineux, il réactive  un moment délicat de notre histoire de France qui traumatisa toute une génération. Le réalisateur tente de calmer le jeu en affirmant : “Le film n’est pas un champ de bataille, il n’est pas fait pour provoquer des affrontements, il a été fait pour ouvrir un débat dans la sérénité.” Cannes a prouvé pour sa 63e édition, s’il était encore nécessaire, qu’il était un festival qui savait et pouvait aborder les affres de la politique nationale et internationale et en faire son fil rouge. Concluons avec la déclaration utopiste de Rahcid Bouchareb : “Il faut qu’il soit possible que le cinéma aborde tous le sujets.” Il faut avouer que cette année nous avons été plutôt bien servis !

Le réalisateur iranien, Jafar Panahi, qui avait reçu le Lion d’or à la Mostra de Venise en 2000 pour le  Cercle et l’Ours d’argent à la Berlinade en 2006 pour Hors jeu, devait être membre du jury pour le 63e festival de Cannes, mais n’a pas pu venir. Accusé d’avoir préparé un film contre le régime iranien portant sur l’élection contestée d’Ahmadinejad en 2009, il est actuellement emprisonné à Téhéran. Le réalisateur a fait parvenir une nouvelle lettre, mardi 18 mai, trois jours après celle lue par Frédéric Mitterand en haut des marches du festival de Cannes. Le réalisateur de 49 ans souhaite “déclarer les mauvais traitements subis dans la prison d’Evin” où il est emprisonné depuis début mars. Alors que le réalisateur Abbas Kiarostami évoquait le sort de son malheureux compatriote, une journaliste mentionna que Jafar Panahi avait entamé une grève de la faim. A cette annonce Juliette Binoche ne put contenir ses larmes. Le réalisateur emprisonné  en appelle à sa communauté de coeur, celle du 7e art, pour diffuser et faire connaître son combat. L’épreuve de force engagée peut, bien entendu, lui être fatale. Pour conclure sa lettre il écrit : “Je ne cesserai ma grève qu’une fois mes volontés assouvies. Ma dernière volonté est que ma dépouille soit rendue à ma famille pour qu’elle puisse m’enterrer où elle le souhaite.” Il faut savoir que connu ou reconnu, Cannes ou pas, faire du cinéma en Iran actuellement n’est pas une partie de plaisir. Décidément cette 63 e édition est sous l’égide du combat pour la liberté d’expression face aux régimes flirtant avec la dictature. Cannes en plus d’être une fantastique vitrine reste  le festival des droits de l’homme et l’on peut en être fier.

Sabina Guzzanti, un nom qui dérange le pouvoir en place en Italie. Cette réalisatrice, sorte de Michael Moore pasionaria , utilise le cinéma comme un moyen de combattre un pouvoir pseudo dictatorial tirant les ficelles d’une opinion publique avachie et manipulée. Le système Berlusconi, fait de coups de gueule, de scandales, de sourires carnassiers et de désinformation, devient pour elle une cible privilégiée. Son quatrième long-métrage, Draquila-L’Italie qui tremble, est un véritable séisme en Italie, un acte de bravoure qui décoiffe l’Intelligentsia établie et servile à la cause berlusconienne. Lors d’une interview de 20 minutes.fr, elle présente le régime politique italien ainsi : “Dictature n’est pas le mot, Démocratie ne l’est pas non plus. L’Italie vit une phase de transition d’une démocratie à quelque chose qui n’a pas encore ce nom”. Aspect paradoxal d’un régime dont le ministre de la culture boycotte la venue à Cannes du film événement qui, par ailleurs, ne sera pas interdit au  royaume de Berlusconi. Il ne peut pas être mis à l’index, “pas avec les lois qui existent actuellement”, affirme-t-elle. La charge est pourtant claire et précise et nous ne pouvons que saluer, haut et fort, ce moment de bravoure aux accents démocratiques. En Italie, l’espoir a un charmant visage, celui de la battante Sabina Guzzanti.