Archive pour la catégorie ‘cinéma’

La guerre des boutons, quand c’est fini ça recommence

Mercredi 14 septembre 2011

La reprise d’une veille recette qui a fait ses preuves et toujours tentante. C’est comme cela que nous allons avoir  sur nos écrans une quatrième version de La guerre des boutons tiré du roman éponyme de Louis Pergaud. Il est pourtant difficile de passer derrière le succès du film d’Yves Robert datant de 1961 qui a eu le prix Jean Vigo et la victoire du cinéma Français. Un remake couleur de 1994 en fit la cruelle expérience et fut un échec retentissant qui n’a laissé aucun souvenir. Cela n’a pourtant pas arrêté  Yann Samuel qui s’y est recollé. Mais le plus curieux, c’est qu’il ne soit pas le seul cette année, à avoir eu la même idée. Hasard du calendrier le 21 septembre sortira à son tour, La nouvelle guerre des boutons de Christophe Barratier, réalisateur des Choristes. Voilà sans doute une excellente  et unique occasion de voir coup sur coup deux approches fort différentes tirées du même roman C’est une première dans l’histoire du cinéma français. Les médias ironisent en lançant ce n’est plus la guerre des “boutons” mais  celle des “moutons” à laquelle nous allons assister. Faut-il choisir ? En ce qui concerne TF1, il ne l’a pas fait, contre toute attente il a participé au financement des deux films. Peut être qu’en sortant d’une salle certains bougonneront :”Si j’aurais su j’aurais pas v’nu”, mais bon nombre ne bouderont certainement pas leur plaisir. Maintenant place à la concurrence et pour les plus gourmands à l’abondance, la guerre des boutons aura bien lieu et l’avantage c’est que quand c’est fini, ça recommence.

“Nous avons un pape” sur grand écran

Mercredi 7 septembre 2011

Habemus Papam, littéralement “nous avons un pape” est le dernier film de Nanni Moretti qui met en scène une véritable psychanalyse du Pape . Voilà un sujet très tabou au Vatican. C’est sans doute pour cela que le cinéaste s’est vu, après lecture du scénario par Le cardinal Ravasi, sorte de ministre de la culture, refuser l’autorisation de tourner au Vatican.Voilà donc l’histoire d’un illustre inconnu élu pape, à une majorité écrasante au détriment de tous les favoris. Catastrophe, ce dernier, interprété magistralement par Michel Piccoli, ne semble pas prêt à supporter la pression et le poids de ses responsabilités. Angoisse ou dépression? Pour le Vatican il s’agit de surmonter la crise en faisant venir, dans le plus grand secret, le meilleur psychiatre, interprété par le réalisateur lui-même.  Nanni Moretti pense que l’on peut se moquer et faire rire de tout, autant de l’Eglise que de la psychanalyse.. Ce film présenté au dernier festival de Cannes oscille entre la comédie et le drame. Comme il y a les inconditionnels de Woody Allen il y a aussi ceux de Nanni Moretti, pour les autres, voilà un véritable univers à découvrir.

R.I.F, un policier fait son cinéma

Mercredi 31 août 2011

Un R.I.F. (Recherche dans l’Intérêt des Familles) est le formulaire à remplir pour lancer une procédure de recherche d’une personne majeure disparue, c’est aussi le nom du dernier film de Franck Mancuso le scénariste du commissaire Moulin saison 4 entre autre. Dans ce deuxième film en tant que réalisateur, après Contre-enquête, cet ancien flic, qui connait bien le milieu, dresse le portrait d’un Capitaine de la PJ surmené, Stéphane Monnereau, interprété par Yvan Attal. Parti en vacances avec sa femme et son fils de six ans, ils tombent en pannesur une route de Lozère déserte. Pendant le dépannage, sa femme reste seule dans une station-service. A son retour elle a disparu. Dans ce film Franck Mancuso s’est attaché à souligner le contraste entre la douleur de la famille et la froideur d’une procédure administrative. Mélange des genres, Yvan Attal, le flic s’oppose au gendarme enquêteur interprété par Pascal Elbé,  dans un film simple mais efficace. A priori, voilà un polar sympa pour la rentrée, alors pourquoi bouderait-on son plaisir ?

Un jour au cinéma

Mardi 23 août 2011

Lone Scherfig réalise Un jour tiré du roman éponyme de David Nichons qui signe d’ailleurs le scénario.  Sorti dans le plus grand anonymat en 2009 ce livre devient un véritable best seller et se vend à plus d’un million d’exemplaires dans les pays anglo-saxons. Le film se focalise sur une journée par an durant deux décennies de la vie de Dexter, séduisant et sur de lui, et de Emma, charmante mais très complexée. Voilà une nouvelle comédie romantique à la manière de Quand  Harry rencontre Sally, ou la vie tricote entre amour et amitié, bonheur et tristesse, joies et déceptions au fil des années. Le choix d’Anne Hathaway pour interpréter Emma a provoqué un véritable tollé parmi les fans du roman, la trouvant bien trop glamour pour le rôle d’une serveuse de fast-food. Ce qui n’est pas du tout l’avis de l’auteur  David Nichols qui affirme qu’”Anne Hathaway a la vulnérabilité et l’intelligence qu’il fallait pour le personnage”. A vous de juger ! Voilà un film qui peut vous mettre la tête en vacances, l’espace d’une soirée, loin de la grisaille ambiante d’une rentrée maussade.

“La Piel que habito” signé Almodóvar

Mercredi 17 août 2011

Pour son nouveau film, La Piel que habito ( La peau que j’habite) Pedro Almodóvar, adapte une polar de Thierry Jonquet, Mygale. Le réalisateur espagnol attribue non sans humour à une “crise de l’âge mur”, sa première incursion dans un film de genre inattendu, le thriller fantastique. On retrouve des références à Franju, “Les yeux sans visage”, aux premiers Fritz Lang et un clin d’oeil à son maître Luis Buñuel. Pour cette occasion, il retrouve, après 20 ans, pour une sixième collaboration, Antonio Banderas, la muse de ses turbulentes années 1980, qui interprète un docteur fou, du style Frankenstein ou Moreau. La Piel que habito est un film poignant, à la limite de la perversion et frisant le malsain, qui se joue de la morale et des sentiments des spectateurs. Pour les amateurs d’”Amaodrama”, voilà une nouvelle facette d’Almodóvar à découvrir de toute urgence.

Voyez comme ils dansent, le dernier Claude Miller

Mercredi 3 août 2011

Sur les écrans cette semaine le nouveau film de Claude Miller, Voyez comme ils dansent. L’histoire de ce film est librement inspirée de la nouvelle de Roy Parvin, La petite fille de Menno. Le destin croisé de deux femmes Lise (Marina Hands), jeune bodo parisienne et Alex (Maya Sansa) médecin d’origine amérindienne qui ont aimé le même homme Vic, showman international aujourd’hui disparu. Lise, vidéaste , a décidé de traverser le Canada d’est en ouest dans un train sous la neige. C’est par un curieux concours de circonstances, qui selon Miller n’a rien du hasard, que Lise rencontre Alex, la dernière compagne de son ex-mari.  C’est alors que  chacune des femmes essaye de comprendre comment “l’homme de leur vie” a pu être avec l’autre. Il s’avère qu’au fil de leurs échanges, elles dévoilent et découvrent un homme fort différent, une facette inconnue. Vic est magistralement interprété par le petit fils de Charles Chaplin, James Thiérrée, lui même homme de scène, qui a participé à l’élaboration du spectacle de son personnage dans le film. Le réalisateur avoue que s’il n’avait pas accepté le rôle, le projet ne se serait pas fait. Miller cinéaste du gros plan intimiste, raconte que pour ce film :” J’avais l’idée d’un conflit intime dans un espace au contraire très oxygéné et spectaculaire, l’idée d’une introspection dans le cadre d’un voyage en CinémaScope”. Voilà un film qui vaut certainement le détours pour cette approche originale et un excellent jeu d’acteurs.

Testud petit miracle dans Lourdes

Jeudi 28 juillet 2011

Première  curiosité pour ce film tournée en 2009, il ne vient de sortir en France qu’en 2011. Autre curiosité, Lourdes est le troisième long métrage de  la réalisatrice autrichienne Jessica Hausner mais le premier réalisé en français. La réalisatrice souhaitant aborder le thème du miracle, qu’elle considère  comme “un paradoxe, une fêlure dans la logique qui nous amène à la mort” fut séduit par Lourdes, lieu de tous les espoirs et unique décors du film. Un projet audacieux et ambitieux pour un film qui n’est pas foncièrement chrétien, et pour le tournage duquel Jessica Hausner a dû batailler un an pour obtenir les autorisations. De nombreuses actrices refusèrent de jouer  les handicapées pour ne pas casser leur image. Sylvie Testud relève de la plus belle manière qui soit ce nouveau défi. Elle est séduite par le scénario qui a un aspect “conte de fée pas propre ”  et qui passe de l’ironie à la dérision sans tomber dans une critique systématique des dogmes religieux. L’actrice interprète avec intensité et subtilité ce rôle immobile de  Christine, qui est atteinte de la sclérose en plaques et n’a pas bougé une grande partie de sa vie. Pourtant au cours d’un pèlerinage à Lourdes qu’elle fait plus pour tromper l’ennui que par piété, elle recouvre la mobilité de ses membres. Le revers de la médaille pour la jeune femme c’est qu’elle devrait  se montrer digne de cette guérison miraculeuse. Le fera-t-elle ?  Film difficile qui fut gratifié d’une double récompense au festival de Venise, Le Prix Fijpresci de la critique internationale et le Prix Signis du Jury Œcuménique. Cela peut en faire fuir plus d’un.

Harry Potter c’est fini….

Mercredi 13 juillet 2011

Que l’on soit fan ou pas, il est difficile d’ignorer qu’aujourd’hui sort le dernier épisode de la saga d’Harry Potter, les Reliques de la Mort 2 . Certains le considère même, comme l’événement cinématographique de l’année 2011. Il faut dire que cette saga a battu tous les records au box office, dépassant la guerre des étoiles ou  James Bond. Ce dernier volet  est encore signé David Yates qui a réalisé les quatre derniers Harry Potter, mais cette fois ci, il l’a tourné en 3D pour la première fois. Il est vrai que pendant que nos petits sorciers devenaient adultes, le cinéma passait à l’âge numérique. C’est le retour aux sources de nos trois héros à Poudlard, où  se déroule 75%  du film, dans une ultime bataille. Mais voilà, le château, filmé comme un véritable personnage, n’a plus rien à voir avec l’école de jadis, refuge de l’insouciance. C’est un lieu glacé où règne la terreur des forces du mal, hanté par la mort et la désolation. C’est dans ce décors fantasmagorique que se déroule un combat sans merci qui n’épargne personne. David Yates rythme fort habillement son film de moments suspendus et d’accélérations vertigineuses qui vous plongent dans le chaos. Laissons là le suspens pour ceux, certainement peu nombreux, qui n’auraient pas dévoré les dernières pages avec frénésie. Si l’histoire d’Harry Potter est terminée, ce fut une aventure franchement magique pour J K Rowling qui a vendu 450 millions de livres, devenant l’une des femmes les plus riches au monde.

Derrière les murs, Laetitia Casta

Mercredi 6 juillet 2011

Les deux amis d’enfance, Julien Lacombe et Pascal Sid, après avoir tourné plusieurs courts réalisent, Derrière les murs, leur premier long métrage. Voilà un petit événement parce que c’est la première fois, en dehors d’un film d’animation, qu’un film est tourné en 3D en France. Ordinairement la 3D est  utilisée pour une surenchère d’actions spectaculaires et le pari est autant plus audacieux que c’est tout le contraire ici. Nous sommes en Auvergne dans les années 20, Suzanne, l’héroïne du film est une romancière tourmentée. Cette femme moderne  alcoolique, dépressive, rongée par le deuil, la solitude et la culpabilité, vient investir une vieille bâtisse bien trop grande pour elle, à la recherche de l’inspiration.  Curieux mélange de fantastique et de suspense pour raconter une étrange descente dans les entrailles de la folie. Voilà un fabuleux rôle de composition pour Laetitia Casta qui prouve une nouvelle fois qu’elle peut habiter un personnage avec un mélange d’intensité et de retenue, rendant cette femme touchante. Si le film pêche un peu dans sa conclusion il en reste pas moins l’occasion de découvrir la performance de Laetitia Casta dans de somptueuses images.

Eva Ionesco, My Little Princess.

Mercredi 29 juin 2011

L’actrice Eva Ionesco signe avec My Little Princess son premier film en tant que réalisatrice, présenté  à la Semaine de la critique à Cannes. Eva Ionesco filme cette autobiographie avec pudeur. Elle aborde la complexité de la relation mère fille doublée de celle d’une artiste et de sa muse. La réalisatrice, aussi photographe depuis de longues années, connait parfaitement son sujet. Sa mère Irina Ionesco, interprétée par une Isabelle Huppert blonde platine hollywoodien pour l’occasion, fut une icône de la photo érotique des années 70. Elle devint célèbre grâce aux photos de sa fille Eva,  jouée par une jeune roumaine, Anamaria Vartolome, qui débute au cinéma. Au départ pour l’enfant c’est un jeu, une manière de plaire d’attirer l’attention d’une mère qui ne l’élève pas.  Puis viendra l’heure de la révolte et de l’affrontement. Le sujet est complexe, brûlant, il aborde un énorme tabou, la pédopornographie . Il est évident que la réalité est bien plus crue que son film, la réalisatrice l’avoue aisément. Actuellement en procès avec sa mère pour certains clichés, Eva Ionesco semble,  sinon l’excuser ,tout du moins l’épargner, dans ce long métrage et dit :” Mon obsession première n’est pas de régler mes comptes”. My Little Princess pointe du doigt une question qui fait toujours polémique : au nom de l’art, peut-on briser l’enfance de sa fille et l’emprisonner dans les clichés destructeurs d’une Lolita trash ? Le personnage d’Eva photographiée  par sa mère inspirera Louis Malle  qui l’évoquera dans son film La Petite.  My little Princess débute une trilogie et l’on suivra dans le second volet, Violetta qui à 13  ans deviendra l’égérie du Palace comme le fut Eva à son âge.