Rachid Ghannouchi candidat à rien ?
Les Islamistes du parti Ennalhda sont arrivés en tête du premier scrutin démocratique de l’après printemps arabe, qui a eu lieu dimanche en Tunisie. Ils n’ont pas attendu les résultats définitifs, que l’Instance supérieure indépendante pour les élections, le ISIE, s’emploie toujours à comptabiliser, pour annoncer leur victoire et estimer naturel de former un nouveau gouvernement très rapidement. Auréolé de son passé d’opposant numéro 1, ce parti a en quelque sorte pris le pouvoir, du moins l’initiative, et vient de proposer un premier ministre en la personne de leur secrétaire générale Hamadi Jebali. Chose étonnante, le véritable vainqueur, le charismatique Rachid Ghannouch,i co-fondateur et président du parti islamique Ennahda, n’est officiellement candidat à rien. Personne n’ignore que Ghannouchi fut un Islamiste radical dont Habib Bourguiba, qui voulait faire de la Tunisie un Etat laïc, se méfiait terriblement et l’avait combattu énergiquement. De même Ben Ali avait à son tour senti le danger du personnage et repris la répression contre ses militants et Rachid Ghannouchi n’eut d’autre choix que l’ exil à Londres. Même s’il a raté la révolution de Jasmin, il fut accueilli comme une rockstar à son retour, devenant l’homme fort et l’image médiatique du parti Islamique Ennahda. Son discours semble aujourd’hui plus modéré, même s’ il vient de déclarer qu’en Tunisie le français “pollue ” la langue arabe, et préconise désormais un modèle islamique comme en Turquie. Doit-on voir dans son effacement du jour le signe d’une ambition plus importante après 2013, ou simplement la préférence d’être la pensée de l’ombre, afin de ne pas inquiéter l’Occident et les investisseurs ?
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